L'Asie a bicyclette sans lunettes
Apres avoir remonte du sud au nord le Viet Nam en quinze jours, j'ai eu le loisir d'experimenter differents types de transports comme le bus, le train, le bateau, le velo, la moto et meme le kayak !De Ho Chi Minh a Nha Thiang, j'ai pris le bus de jour et ai pu admirer les paysages qui defilaient devant moi.
Je me suis alors fait cette reflexion: le regard que l'on porte sur les choses, les gens, les paysages... la viem est vraiment lie aux lunettes que l'on porte: lumineux si l'on porte les lunettes du bien etre et gris celui de la tristesse. Pourtant, le paysage reste identique, c'est juste notre regard qui le modifie a nos yeux.
Lorsque j'ai fait ce trajet, il faisait beau, j'etais bien. D'ailleurs je me suis surprise a sourire betement dans le reflet de la vitre. Je me sentais heureuse, libre et appreciais la beaute des paysages.Mais lorsque je suis partie de Hoi An pour me rendre a Hue, il faisait gris, sombre. Mes idees se sont rapidement assombries... Quand j'ai pris conscience de ca, de cette paire de lunettes imaginaire, j'ai decide d'essayer de les oter.
Pour l'instant ca fonctionne, on verra par la suite.
Le Viet Nam est le second pays asiatique que je visite. Du coup, je ne peux m'empecher de le comparer au Cambodge.
Si on me demandait quel pays je prefere entre les deux, je repondrai que le Viet Nam offre une grande diversite de paysages. J'ai ainsi pu voir la maginfique baie d'Halong qualifiee par certains de huitieme Merveille, les rizieres en terrasse du Nord ou je suis partie "trecker" deux jours et ai pu decouvrir les minorites ethniques vietnamiennes...
Mais malgre toute cette beaute, c'est l'accueil et l'amabilite des cambodgiens qui l'emportent.
Si seulement ils pouvaient arreter de jouer au Petit Poucet avec leurs dechets...
Peut etre que j'aurai eu un autre regard si j'avais commence par le Viet Nam et si je n'avais pas entendu l'opinion de Marion et Vincent... Encore une histoire de lunettes !
Apres le bus, je decide d'enfourcher la bicyclette.
Malgre la pluie, je loue un velo pour mes deux jours dans la ville de Hue. En me dirigeant vers une pagode, 3 adolescentes, elles aussi a bicyclette, m'accostent et nous echangeons quelques phrases tout en cheminant. Elles sortaient juste de l'ecole et rentraient chez elles pour manger.
Un peu plus loin, je m'en vais au hasard des rizieres. Mon chemin croise celui d'enfants qui s'amusent a jeter des pierres dans l'eau.
Au guidon de ma bicyclette, ressemblant davantage a Alice aux Pays des Merveilles qu'a Jeannie Longo (je sais qu'Alice etait a pieds et non a velo, mais elle aurait tres bien pu l'etre, non ?), je ressens un vrai sentiment de liberte. Ce serait peut etre pareil si je savais conduire les petites motos... peut etre un prochain challenge ?
En tout cas, ici, les deux roues sont rois: le velo, la moto, le cyclopousse... qui pousse d'ailleurs tout ce qui est possible de transporter: matelas, troncs d'arbres, charbon, quantite de bananes... c'est tout simplement impressionnant.
Quasiment chaque vietnamien a un deux roues... Vous imaginez alors la circulation dans une ville de 3 millions d'habitants ?
Eh bien c'est simple, quand tu n'es qu'un pauvre pieton, tu n'es prioritaire nulle part.
Mark, un canadien que j'ai rencontre sur le trajet Phnom Penh-Ho Chi Minh, comparait la traversee de rue vietnamienne a un jeu video ne avant la nintendo: la grenouille.
Le jeu consiste a traverser une avenue emplie de vehicules en tout genre sans se faire ecraser bien sur... belle comparaison non ?
Pendant ce voyage, j'apprends beaucoup sur la confiance: la confiance en soi et la confiance en les autres. Chaque jour, il faut faire des choix. J'ecoute alors du mieux que je peux ma petite voix interieure pour me guider. Je me dis qu'il n'y a pas de chemin qui soit meilleur qu'un autre, ils sont tous differents.
Ainsi, a Hue, j'etais partie pour mon deuxieme jour de bicyclette sous la pluie pour visiter les tombeaux royaux. Au bout de quelques kilometres, une vietnamienne m'accoste et me propose de m'y conduire a moto. Fatiguee du velo et de la pluie, j'accepte.
Elle aurait pu m'emmener n'importe ou puisque je ne savais pas exavtement ou ils etaient situes et que j'etais justement en train de chercher ma route. Mais si on ne fait pas un minimum confiance aux autres, on ne peut pas avancer ! C'est un risque a prendre, la vie est un risque en soi. Ca me rappelle d'ailleurs un proverbe que m'avait dit une fois Sandrine (du Puy, enfin de Clermont maintenant).
Sandrine, si tu t'en souviens, peux tu nous le faire partager stp ?
Dans un pays etranger on ne maitrise rien, meme pas la langue pour moi qui suis toujours en train de m'essayer a l'anglais. Pour profiter du voyage, des decouvertes, des rencontres, il faut une bonne louche de lacher prise. C'est quelque chose que j'apprends, moi qui aime d'habitude tout maitriser... et c'est justement ce qui donne ce petit frisson d'inconnu et de liberte.
Il faut accepter que tout peut changer a chaque instant, et surtout s'ecouter soi meme.
Bref, je profite de l'instant present. Je suis comme jetee dans une riviere d'eau salee. Je flotte, je suis balottee doucement ici et la, tout en continuant ma progression vers l'estuaire.
Apres mes histoires de chaussettes et de culottes, un peu de "philosophie" me permet de rester credible aupres de mes parents et de mes tantines...
Prochaine etape: l'Australie ou je pars des demain. Je vous souhaite a tous de passer de tres bonnes fetes de fin d'annee et un Joyeux Noel Felix !