Danser pour s'implanter
Sentiment étrange que de vivre dans une ville, un pays qui n'est pas le sien. En revenant sur Montréal la semaine dernière je me suis demandée "de retour chez moi?". J'ai à la fois l'impression d'être chez moi en France, chez mes parents, chez mes amis, et à la fois d'être chez moi ici, à Montréal. Et parfois, à l'inverse j'ai l'impression de n'être chez moi nulle part. A partir de quand dit-on "je suis chez moi" ? Est-ce qu'une adresse suffit ? Je ne crois pas...
Je me compare à un arbre qui a été déraciné et qui essaye de se replanter dans une nouvelle terre. La terre est bonne, accueillante, vivante mais différente. Il lui faut un temps d'adaptation pour retrouver son équilibre. Quand l'environnement est sain, apaisant, je me stabilise, je me développe. Mais dès qu'un vent trop fort se met à souffler, qu'un prémice d'orage s'annonce, je me recroqueville et me sens toute fragile, moi qui me sentais si forte dans ma terre natalei.
Certes, c'est un choix de gouter à cette nouvelle terre mais je comprends mieux à présent les immigrants, leur besoin de se retrouver entre eux et de retourner chez eux pour retrouver ce qui fonde leur identité.
Et que doit-on ressentir quand des envahisseurs viennent sur votre territoire et le font leur ? Je me suis posé la question ce week end quand nous sommes allés au festival de danse amérindienne "Pow Woo", dans la réserve de Kanawake.
Et ce que j'en conclus c'est qu'il ne me reste plus qu'à me peindre le visage et faire ma danse de guerrière conquérante sur notre nouvelle terrasse où je me suis bel et bien implantée et qui m'a conquise...