Les vagues de l'ame
Comme prevu et je dirai meme presque comme d'habitude, Seb m'a accueillie a l'aeroport de Christchurch, sur l'Ile du Sud de Nouvelle Zelande.
Qu'est ce que c'est agreable quand meme de se savoir attendue. Nous nous sommes retrouves apres un mois de vadrouille et j'avais l'impression qu'on s'etait quittes la veille. Je me rends compte que j'ai perdu un peu la notion du temps, ou du moins que je la percois differement.
Me voila a mi-chemin de mon voyage... deja... Le Mozambique me parait si loin et pourtant ca ne fait que quelques mois...
Apres avoir passe quelques jours en van avec Seb ou on a encore bien ri, j'ai decide de louer a mon tour un vehicule. Je n'ai pas pu obtenir de van, n'ayant pas suffisament prevu a l'avance. Je me suis donc rabattue sur une magnifique Nissan "bluebird" de 210 000 km avec mesdames et messieurs, boite automatique !
Le loueur, tres presse, m'explique rapidement comment elle fonctionne. Je signe les papiers et prend l'assurance tout risque (sans l'option Baracuda). J'ai d'ailleurs bien fait car j'ai un peu egratigne l'arriere en me garant avant hier...
Cle en main, hop je demarre et sors du parking. "Oublie pas de rouler a gauche Ingrid" me rappelle consciencieusement ma petite voix interieure. Oups, c'est vrai, un peu mieux j'allais oublier ! J'ai vraiment bien fait de prendre l'assurance tout risque !
Je roule doucement, meme tres doucement. Pour ceux qui ont vu Police Academy, on pourrait me comparer a la petite black lors de son cours d'essai de conduite !
Et maintenant, ou vais-je ? Aie... j'ai oublie la carte a l'agence avec leur localisation, ce qui peut etre pratique pour leur ramener la voiture...
Un rond point s'offre a moi (meme pas besoin de faire de demi-tour ah ah ah), et je reviens sur mes pas, enfin, mes pneus. Bon, j'ai quand meme du faire un demi-tout car j'ai loupe l'entree.
Bref, une fois la carte en main, me voila repartie... oups j'allais conduire a droite... tout va bien se passer !
A moi l'aventure !!! .... enfin, quand j'aurai trouve une station essence car la jauge est en train de crier famine.
Je trouve sans difficultes une Caltex sans meme devier de mon chemin. Par contre est-ce que c'est une essence ou une diesel ? J'ai oublie de demander... Je regarde dans les papiers que l'agence m'a donne: rien. J'ouvre le bouchon, toujours rien d'indique... Bon, je me dis que si c'etait une diesel ce serait clairement signale. J'en conclu donc que c'est une essence, logique, non ?
Je demande quand meme confirmation a un autochtone qui se rapproche davantage de l'ours polaire que de l'etre humain (est-ce lie a la proximite de l'antartique ?). Il me repond avec un fort accent (polaire ?) qu'ici (sous entendu dans ces contrees), les diesels ne correspondent pas a ce genre de modele. Il a l'air sur de lui, je lui fais confiance. Il me demande alors d'ou je viens avec un petit sourire, et quand je lui dis la France, il me sort "ahh Bonjour !", toujours avec le meme accent en roulant un peu les "r". En partant il me dit "au revoir Mademoiselle"... pas si bougre que ca finalement !
J'ai la carte en main (enfin plus precisement, a cote de main, car c'est plutot le volant que j'ai dans les mains, c'est plus pratique pour conduire), le plein est fait, ca y est je peux partir !
Je mets en route la radio et ... horreur ! Je ne capte que deux stations avec mon antenne telescopique qui rentre et sort a chaque fois que je demarre et eteinds le moteur !
Je commence par ecouter de la musique new a la noix et je change vite pour du classique... mais c'est plutot du classique 1 000 ans d'age et demoralisant au possible...
Le ciel s'assombrit et des gottes commencent a tomber. Est ce que c'etait une bonne idee finalement de vouloir visiter l'interieur de l'ile et ses montagnes ?
Je me decide a ecouter mon I-pod et mon moral remonte puis redescend en fonction des chansons, des souvenirs qu'elles me rappellent... telles les vagues de l'ame...
L'ocean de pensee est calme. Dependamment du vent de l'humeur, le bien etre se forme houleusement. Il gagne en profondeur et intensite jusqu'a atteindre la cime du bonheur puis la vague commence a s'enrouler dans des idees plus sombres avec un deferlement de nostalgie et de tristesse. Elle eclabousse le passe, le present, le futur et vient s'etaler sur la greve de la vie jusqu'a etre totalement absorbee par le sable du temps.
Clement (un autre ami avec qui je partage la passion de l'impro et du voyage et qui est actuellement au Perou) comparait ces etats d'ame a la montagne: gravir des pentes et en redescendre. C'est exactement la meme idee.
Cette annee, une de mes resolutions est de continuer a travailler sur le lacher prise. Eh bien, je peux dire que sur la route, j'ai vraiment experimente le lacher prise avec mes emotions.
Les paysages etaient tellement beaux et varies que je m'extasiais presque a chaque virage. Je n'arretais pas de m'arreter. Au debut, le paysage etait plutot sec et plat avec des milliers de moutons a droite et a gauche.
Puis, apres avoir passe quelques virages, j'arrive a la cime d'un col et decouvre des montagnes et un lac a couper le souffle. J'ai meme parfois la sensation d'etre dans une pub pour une marque de voiture !
Un peu plus tard apres avoir laisse une auto stoppeuse, en entendant une chanson, je me suis mise a pleurer. Il pleuvait a l'exterieur comme il pleuvait en moi un trop plein d'emotions retenues. Ca m'a fait beaucoup de bien.
J'ai profite de ces quelques jours pour aller m'aerer les poumons dans la montagne et sur le bors de la cote quand le temps le permettait. Et quand il pleuvait, rien de tel que d'aller se mouiller dans les piscines d'eau chaude naturelles... Avec les algues noires, j'avais l'impression de sentire le "Daniel Jouvance" !
Pour mon dernier jour avec ma bluebird, j'ai decide de retourner a Akaora, petit village situe en bord de mer et une ancienne colonie francaise ? C'est la que Seb m'avait emmenee pour mon premier jour en Nouvelle Zelande.
Mais manque de peau, les amoureux ont eu la meme idee que moi et sont y venus passes le week end de la St Valentin. Vu que je n'avais rien reserve, je me suis retrouvee SDF ! Et bien, j'ai experimente la nuit dans la bluebird. Au niveau du confort, apres avoir voyage en train de nuit au Viet Nam, c'etait en comparaison, plutot le luxe. Par contre il a fait un froid de canard ! Je n'avais pas de duvet et j'avoue que lorsque la temperature est descendue a 9 degres, j'avais la vraie chair de poule !
Meme si je suis une pro-boycotteuse de la St Valentin, j'espere quand meme que ce sera la premiere et la derniere fois que je passe la nuit de la St Valentin seule dans une voiture a me geler les miches !